Angers : elle est à la fois institutrice ET autrice de BD
10 mai 2023 à 6h00 par Hugo Harnois
Émilie Billaud, alias « Emy Bill », a sorti au mois d’avril dernier une nouvelle bande-dessinée : « Journal d’instit ». La quatrième d’une liste exclusivement tournée vers la scolarité.
Elle est institutrice le jour et autrice de bande-dessinée la nuit, ou presque… Émilie Billaud a sorti au mois d’avril dernier sa nouvelle bande-dessinée : « Journal d’instit ». C’est déjà sa 4e œuvre après la trilogie « Ma vie d’instit ».
"À force de m’entrainer, j’ai progressé"
Enseignante à trois quarts temps pour les CE1, CE2 et CM1 dans une petite école primaire à Angers depuis maintenant 15 ans, « Emy Bill », de son pseudonyme, s’est lancée dans l’aventure de la bande-dessinée il y a huit ans, en étant tout à fait autodidacte. « J’ai toujours aimé, dessiné et peindre. Ma maman était professeure d’art plastique au collège, et, étant fille unique, c’était mon moyen de m’occuper. Mais à part un BAC Littéraire option art plastique, je n’ai jamais pris de cours », explique-t-elle, avant d’ajouter que son trait « a pas mal évolué, j’ai pas mal tâtonné, je me suis formée sur Internet grâce à des tutoriels sur YouTube, et, à force de m’entrainer, j’ai progressé. » Et l’illustratrice l’assure, son style graphique a bien évolué depuis toutes ces années d’entrainement.
L’autrice explique travailler sur tablette, en démarrant toujours par un brouillon, puis un encrage au contour noir : « ensuite, j’aime bien coloriser, je joue sur les ombres, mes dessins sont assez colorés, assez frais, avec des visages d’enfants attachants », tente-t-elle de décrypter.
Grâce à ses nombreuses anecdotes glanées durant sa riche expérience, Émilie Billaud a donc déjà réalisé quatre ouvrages sur le thème de la scolarité. Alors que « Ma vie d’instit » proposait plutôt des histoires indépendantes les unes des autres sur chacune des pages, « Journal d’instit » s’inscrit sur un temps plus long en s’intéressant à la salle des profs : « j’ai inventé une école avec une équipe d’enseignants totalement fictive. On intègre la salle des maitres avec l’équipe d’enseignants et d‘ATSEM qui se retrouvent à plusieurs moments de la semaine et se partagent leurs anecdotes. Donc on a plein de petites histoires sur ce que peuvent vivre les enseignants, et certains se lâchent un peu. » 90% du récit sont tirés de son histoire personnelle, et la narration se veut avant tout « humoristique, sans taper sur qui que ce soit. »
Un métier de moins en moins reconnu
L’objectif de ses œuvres est donc de faire sourire, mais aussi de mettre en avant le quotidien des instituteurs souvent méconnu ou caricaturé. Emy Bill confesse qu’ « on a de plus en plus de mal à avoir la reconnaissance des gens, on nous tape beaucoup sur les doigts. Et souvent ceux qui le font ne connaissent pas bien notre métier, et pensent que dès qu’on n’est plus devant nos élèves, on ne travaille plus alors qu’évidemment, une classe ça se prépare, des copies ça se corrige. C’est aussi ce que j’aime faire dans mes bandes-dessinées : montrer la face cachée de la maitresse et ce qu’on ne sait pas pour révéler la vérité au grand public. »
Émilie Billaud ne s’interdit pas de poursuivre l’histoire de « Journal d’instit » avec de futurs tomes puisqu’elle a encore plusieurs nouvelles thématiques en tête. Mais d’abord, l’Angevine doit sortir un roman graphique l’an prochain sur un sujet plus sérieux, celui du harcèlement scolaire.