À Angers : « Un chantier naval thérapeutique unique en France »

1er septembre 2024 à 6h00 par Hugo Harnois

Un canoë
Un canoë
Crédit : Prix équipes soignantes

Du mois de janvier à novembre dernier, quatre adolescents âgés de 16 à 17 ans ont construit un canoë en bois, dans le cadre d’un atelier thérapeutique mis en place par le Centre de Santé Mentale (Cesame) à Angers.

« Un chantier naval thérapeutique unique en France ». Ce sont avec ces mots que Bernard évoque son projet qu’il a monté l’an dernier : un atelier de construction d’un canoë, mis en place par le Centre de Santé Mentale (Cesame) à Angers. Au quotidien, ce service de soin ambulatoire s’occupe au quotidien de patients psychologiquement fragiles.

 

"J'ai de l'eau de mer dans les veines"

Parmi eux, quatre adolescents volontaires de 16 à 17 ans se sont retrouvés tous les lundis après-midi durant plus de 2h30 pendant 10 mois pour construire un canoë en bois, sous la direction de Bernard : « j’ai un profil atypique, et de l’eau de mer dans les veines. J’aime le public de personnes en situation de handicap parce que je représente un espoir, avec un support technique comme charpentier de marine. J’ai initié ce projet comme on initie un rétablissement personnel, je veux aider la personne humaine à travers mes compétences techniques. » Le meneur du projet évoque également l’aspect métaphorique du canoë : « c’est un symbole de liberté, il y a une dimension thérapeutique dans la construction du bateau, comme quand on construit une personnalité. »

Après l’aval de leurs consultants en soin, quatre adolescents ont donc accepté de se lancer dans ce projet. « C’était un pari, on ne savait pas s’ils allaient poursuivre jusqu’au bout de l’aventure », se demandait lors du lancement de l’atelier Gilles Pillard, infirmier au département de soin pour adolescent. Finalement, les quatre jeunes volontaires ont mené à bien ce projet jusqu'à sa conclusion. Ils ont même modifié leur emploi du temps et sont venus sur leur congé respectif. « Il y a eu un esprit de bienveillance, un travail en bonne harmonie », ajoute Bernard.

 

Beaucoup de fierté

Lors de la mise à l’eau du canoë en novembre dernier, Gilles Pillard assure que c’est avant tout beaucoup de fierté qu’ont ressenti les jeunes. Il rappelle justement les bienfaits qu’apporte ce genre d’ateliers thérapeutiques : « les participants ont pu réaliser quelque chose de leurs mains en mettant leurs soucis de côté. Cela lutte contre les effets de dépression pour lesquels ils étaient tous souffrants. Leurs mains sont mises en valeur et créent quelque chose. »

Au-delà de l’impact positif que l’atelier produit sur les volontaires, ce projet a également eu des conséquences positives sur les soignants, précise Bernard, mais aussi sur leur entourage. « Ça donne une autre image de ce qu’est la santé mentale, du rétablissement, et ça nous permet à tous d’aller de l’avant », explique de son côté l’infirmier.

Depuis la mise à l’eau du canoë que l’équipe a baptisé « Philibert », ce dernier trône désormais au chantier naval, tel « un exemple, un modèle », remarque Bernard. L’engin sera utilisé durant le courant de l’année pour des mises à l’eau régulière avec le service adulte. Preuve du succès de l’atelier, un deuxième canoë est en train d’être construit par de nouveaux jeunes participants. À long terme, l’équipe souhaiterait que le chantier devienne pérenne, et, pourquoi pas, vendre les canoës à des particuliers, à prix coûtant.