Alternatives à l'essence : "Le bioéthanol permet de produire un carburant propre et Français" selon Nicolas Kurtsoglou

Publié : 27 janvier 2023 à 6h01 par Mathieu Message

Un véhicule arrive près d'une pompe à super-éthanol.

Si le moteur thermique sera remplacé par l'électrique, la fin de vente des véhicules à essence est prévue en Europe d'ici 2035, pour une sortie totale après 2050. Il faudra donc passer par un mix de carburants. Alors comment engager cette transition et quelles alternatives existent à court et moyen terme ?

Toute cette semaine, on s’intéresse à notre mobilité et aux moyens de réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Nous avons vu que l’électrification du parc automobile était un levier incontournable pour décarbonner nos transports. Mais ce ne sera pas suffisant pour que la transition soit pleinement efficace, alors il faut penser à une multiplication d’alternatives.
 

L'hydrogène, pas encore maîtrisé

Parmi ces solutions : l'hydrogène, possible sauveur du moteur thermique ! D’apparence ordinaire, la puissance mécanique d'un moteur hydrogène se fait de la réaction explosive entre le dioxygène et le dihydrogène, permettant de créer une réaction énergétique.

Mais cette technologie n’est pas encore maîtrisée, et pourrait ne pas correspondre à toutes les attentes. Le 20 janvier 2023 par exemple, 5 personnes ont été blessées dans l'incendie d'un prototype de véhicule à l'hydrogène. Un accident survenu dans le laboratoire de l'Université de technologie Belfort-Montbéliard, et qui a entraîné une importante intervention des pompiers. Mais au-delà du côté sécuritaire, l’hydrogène présenterait aussi quelques effets paradoxaux, comme par exemple utiliser autant d'électricité qu'une batterie d'un véhicule électrique.

 

Le Bioéthanol, l'outsider de l'électrique

Des solutions plus directes existent, comme par exemple modifier son réservoir sur son ancien moteur thermique afin d'utiliser du bioéthanol.

Avec un prix d’1€20 / litre, l’E85 s’impose dans le débat en devenant le carburant le moins cher à la pompe. Il est aussi l’un des plus propres. Nicolas Kurtsoglou, responsable carburants au Syndicat National des Producteurs d'Alcool Agricole, détaille ses avantages :
 
"Aujourd'hui, c'est 0, 6% de la surface agricole utile nette d'écoproduits qui est utilisée pour faire du bioéthanol. C'est donc une surface extrêmement faible pour produire beaucoup d'énergie. Le superéthanol E85, par rapport à l'essence SP 95, divise par 2 les émissions carbone. C'est aussi bon pour la qualité de l'air,  puisqu'on divise par 10 les émissions de particules fines par rapport à l'essence. Et puis, surtout pour l'indépendance énergétique ! On peut produire notre carburant et notre énergie chez nous, plutôt que d'importer du gazole russe. La France est le numéro 1 du nucléaire, et c'est un peu moins connu mais il est aussi le numéro 1 du bioéthanol en Europe."
Nicolas Kurtsoglou, responsable carburants au Syndicat national des producteurs d’alcool agricole.
Nicolas Kurtsoglou, responsable carburants au Syndicat national des producteurs d’alcool agricole.
Crédit : Mathieu MESSAGE

L’année 2022 a été une année particulière, marquée par une crise du carburant exceptionnelle. À cette occasion, le bioéthanol a connu un véritable regain d’activité : sa consommation s'est envolée de 83% sur l’année 2022. Alors comment peut-on bénéficier de ce biocarburant ? Soit en achetant un véhicule neuf dont le moteur est déjà adapté au bioéthanol, soit en faisant la conversion vers un boîtier Flexfuel pour votre voiture actuelle, et qui fait la transition au niveau de votre réservoir.

Signalons quand même que l'E85 va également subir les restrictions à venir sur les émissions de CO2. S’il est donc une solution, il n’est pas non plus optimal par rapport à l'électrique.

 

D'autres solutions moins convaincantes

D’autres carburants alternatifs sont expérimentés :

- Le GPL (Gaz de Pétrole Liquéfié), issu du pétrole et constitué principalement de butane et de propane. Un carburant dépendant des énergies fossiles et dont les pompes se font rares.

- Le GNV (Gaz Naturel Véhicule), composé essentiellement de méthane.

- L’huile de friture, supportée uniquement par les moteurs diesel (30% d'huile usagée pour 70% de diesel), et dont le potentiel reste limité. On ne va pas faire frire tous nos aliments sous prétexte de vouloir rouler différemment !