20 ans après, comment le 11 septembre 2001 est-il évoqué avec les élèves ?
Publié : 10 septembre 2021 à 11h05 par Étienne Escuer
Un deuxième avion s'écrase sur les tours du World Trade Centre à New York le 11 septembre 2001.
Crédit : Commons - Robert J. Fisch.
L’année 2021 marque les 20 ans des attentats du 11 septembre aux Etats-Unis. Comment cet événement historique est-il aujourd’hui abordé en classe ?
Etudiés dès le collège, en troisième, puis au lycée, en terminale, les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis ont rapidement fait leur entrée au programme d’histoire-géographie. « Quand on traite de la géopolitique mondiale, on fait généralement démarrer une période en 2001 », explique Damien Varenne, professeur d’histoire-géographie. « C’est un sujet sur lequel on passe quelques dizaines de minutes. » Ce jour-là, deux avions détournés détournés par l'organisation terroriste islamiste Al-Qaïda s'écrasent sur les tours du World Trade Centre, symbole de la puissance économique américaine, un autre sur le Pentagone, le quartier général du département de la Défense, et un dernier dans un champs de Pennsylavnie. « On s’est tout de suite rendu compte que ça marquait une inflexion de la géopolitique mondiale », poursuit l’enseignant, pour qui la manière de l’évoquer en classe n’a pas forcément beaucoup changé. L'accent est aussi généralement mis sur les conséquences géopolitiques des attaques.
Ce qui a changé, en revanche, c’est le regard des collégiens et lycéens sur ces événements. Aujourd’hui, aucun n’était né au moment des attentats, là où leurs prédécesseurs, il y a encore une dizaine d’années, avaient suivi les attaques en direct à la télévision. « A l’époque, c’était vraiment un sujet dont ils aimaient discuter », se souvient Damien Varenne, en poste depuis 2005. « Là, aujourd’hui, cela appartient à l’Histoire pour eux, comme quand on traite la Seconde guerre mondiale. Le sujet leur paraît déjà lointain. »
Théories du complot
Il n’a cependant pas fallu attendre très longtemps après les attentats avant de voir débarquer les théories du complot dans les salles de classe, se rappelle Damien Varenne. « Les élèves les sortent rarement de manière affirmative, souvent c’est plutôt des questions », explique l’enseignant. « Depuis quelques années, avec Internet, ils ont accès à plus d’informations, mais aussi de mauvaises informations, cela a donc peut-être amplifié le phénomène. »
« Ceux qui connaissent ces théories, cela représente quand même pas mal d’élèves, mais ceux qui ont croient, beaucoup moins », nuance Damien Varenne. Lui n’a jamais eu de soucis particuliers avec ses élèves, ceux croyant dur comme fer à ces théories « se comptant sur les doigts d’une main ». Il note tout de même que le phénomène prend de l’ampleur depuis une dizaine d’années.
Importance de l'esprit critique
Comment réagir face à des jeunes qui évoquent ces théories complotistes ? « On pose les faits, on rappelle qu’il n’y a souvent pas besoin de chercher des explications très compliquées et qu’une enquête a permis d’établir qui a fait ça », confie le professeur d’histoire-géographie. « Il ne faut surtout pas surréagir. » D’autant plus que le 11 septembre est loin de centraliser toutes les théories du complot. « En ce moment, ça tourne beaucoup autour du Covid. On a eu les Illuminatis il y a quelques années. Et l’alunissage de 1969 revient souvent aussi, pas mal d’élèves m’ont déjà assuré que c’était une mise en scène ! », explique Damien Varenne.
Ces théories du complot, il est important d’en parler en classe, poursuit l’enseignant. « Ça a été introduit dans les programmes de spécialité en première. Souvent, c’est un chapitre qui intéresse beaucoup les élèves », confie-t-il. « Ils tombent régulièrement des nues quand on décortique les manières dont une théorie du complot se construit et se développe sur les réseaux sociaux. »
Pour Damien Varenne, il est essentiel d’évoquer ces sujets dès le collège, où les élèves ont déjà un accès à internet illimité. « Mais souvent, ils n’ont pas encore développé un esprit critique. Notre travail c’est de leur expliquer comment on peut trouver la source d’un article, différencier le travail d’un journaliste de celui de n’importe qui », détaille le professeur d’histoire-géographie, qui préconise aussi de s’appuyer sur les documentalistes dans les établissements. La formation des enseignants à traiter cette problématique reste toutefois à améliorer. « Elle est inexistante, on se forme un peu nous-mêmes », regrette Damien Varenne.