Appels malveillants dans des établissements scolaires loirétains : le point sur l'enquête
Publié : 21 octobre 2021 à 19h50 par Étienne Escuer
La procureure de la République d'Orléans Emmanuelle Bochenek-Puren et le DDSP Thierry Guiguet-Doron.
Crédit : Rédaction - Etienne Escuer
Après trois alertes à la bombe dans trois établissements scolaires du Loiret en trois jours, les autorités ont tenu un point presse ce jeudi 21 octobre.
« Des plaisanteries qui n'ont sont pas ! » : la procureure de la République d'Orléans, Emmanuelle Bochenek-Puren, et le directeur départemental de la sécurité publique, Thierry Guiguet-Doron, ont lancé ce jeudi 21 octobre « un appel au civisme ». Depus mardi, trois établissements de l'agglomération orléanaise ont en effet été la cible de fausses alertes à la bombe.
Les faits
Le premier incident, et le plus sérieux, s'est produit mardi 19 octobre au lycée Benjamin Franklin à Orléans. L'établissement a reçu dans l'après-midi un appel malveillant d'un individu qui s'est également exprimé en arabe. Le lycée a été évacué et la police a finalement écarté tout danger après quelques heures de fouille minutieuse. L'auteur des faits est en revanche toujours activement recherché ce jeudi.
Le lendemain, mercredi 20 octobre, dans la matinée, c'est le collège Max Jacob de Saint-Jean-de-la-Ruelle qui a reçu le même type d'appel malveillant, en français uniquement cette fois. Un appel là aussi pris très sérieux, d'autant plus que Latifa Ibn Ziaten y tenait au même moment une conférence devant les élèves. Il s'agit de la mère d'un soldat tué à Toulouse en 2012 par un terroriste islamiste, et pouvait donc être considérée comme une cible.
Rapidement, le danger a là aussi été écarté, et un individu a été cette fois été interpellé. Il s'agit d'un adolescent de 13 ans, élève de l'établissement, placé en garde à vue. La procureure a refusé d'évoquer les motivations du collégien, mais aucun lien n'a été établi avec la présence de Latifa Ibn Ziaten, ni avec l'incident de la veille. L'adolescent n'avait pas masqué son numéro de téléphone.
Enfin, ce jeudi 21 octobre, scénario assez similaire au collège Etienne Dolet à Orléans. Là aussi, appel malveillant dans la matinée et interpellation rapide d'un mineur de 13 ans, également élève de l'établissement, qui n'avait pas caché non plus son numéro. Il est toujours en garde à vue ce jeudi soir, et ses motivations n'ont pas été communiquées mais le profil du suspect semble assez similaire à l'incident du collège Max Jacob.
Les moyens déployés
Bien évidemment, en raison de la menace terroriste et du caractère des établissements visés, la procureure Emmanuelle Bochenek-Puren rappelle « qu'une attention sérieuse est portée à toute menace ». Mardi, l'incident a ainsi mobilisé une centaine de policiers au lycée Benjamin Franklin, tandis que mercredi et jeudi, une cinquantaine de policiers sont intervenus dans les deux collèges, plus petits. Une équipe cynophile s'est également rendue mardi au lycée orléanais, et les démineurs de Versailles avaient été alertés et étaient à venir en moins d'une heure si un élément suspect avait été détecté. Chaque journée d'intervention a coûté plusieurs milliers d'euros. « Les policiers ont d'autres choses à faire, ces agissements ne peuvent pas rester sans sanction », prévient le directeur départemental de la sécurité publique, Thierry Guiguet-Doron.
Ce jeudi, au collège Etienne Dolet, les pompiers ont également sollicités pour des crises d'angoisse et d'hypoglycémie de plusieurs élèves. Des cellules psychologiques ont d'ailleurs mises en place pour les élèves choqués par ces indicidents.
Quelles conséquences ?
Pour l'incident au lycée Benjamin Franklin, le suspect est toujours recherché, mais en plus de la fausse dénonciation, l'enquête devra déterminer si ses propos en arabe constituent ou non une apologie du terrorisme.
Pour les deux appels malveillants dans les collèges, la sanction sera sans doute multiple. « Tout acte a des conséquences », rappelle la procureure Emmanuelle Bochenek-Puren. Scolaires et disciplinaires, tout d'abord, décidées par les établissements eux-mêmes ; pénales, ensuite, puisqu'après une expertise psychologique, familiale et scolaire, le parquet pourra décidera des suites judiciaires à donner ; financières, enfin, car les parents risquent de devoir assumer le coût des interventions.
Pour rappel, les peines pour menaces de destruction et fausses alertes peuvent aller jusqu'à deux ans d'emprisonnement. Si les autorités ont souligné « l'immaturité » des deux adolescents mis en cause – toujours présumés innocents pour le moment – elles demandent aux parents d'appeler à la responsabilité de leurs enfants pour éviter de nouveaux incidents ces prochains. L'arrivée des vacances scolaires, ce vendredi soir, devraient en tout cas permettre de stopper le phénomène.