Fête du cinéma : que nous réserve l'édition 2023 ?

Publié : 30 juin 2023 à 6h00 par Hugo Harnois

Crédit : Pixabay

La Fête du cinéma à lieu partout en France du dimanche 2 au mercredi 5 juillet prochains, avec un tarif unique à quatre euros la place. L’occasion de porter notre attention sur l’état de santé des salles obscures.

C’est le retour des éclaircies dans les salles obscures. Selon le CNC (Centre National du Cinéma), le mois de mai dernier a enregistré une hausse de spectateurs de 27,6% par rapport à mai 2022. Cependant, les cinq premiers mois de 2023 enregistrent une baisse de 11,6% par rapport à la moyenne d’avant-Covid, entre 2017 et 2019.


 


"On respire un petit peu mieux"


Localement, les chiffres se vérifient notamment au Mans et à Blois. « On respire un petit peu mieux que l’année dernière, mais on est encore loin des chiffres d’avant-Covid. Cela veut dire qu’on est à -20% de fréquentation par rapport à la période précédant la crise sanitaire, mais à +30% par rapport à l’année dernière », déclare Sébastien Van Steen, directeur du Cap Ciné à Blois.


Même son de cloche pour Laurent Barriquault, le directeur du cinéma CGR à Saint Saturnin, basé au Mans, qui assure que « ça va mieux ». Celui-ci va plus loin en expliquant qu’il y a « un côté très rassurant. On se dit que quand il y a du contenu, les gens se déplacent ». Le dernier Top Gun a été pour lui cette « rampe de lancement », suivi par les derniers Avatar et autres Trois Mousquetaires.  


 


Quels films sur le podium ?


À Blois, Avatar a été le film numéro un au Cap Ciné avec environ 20.000 entrées, suivi de Top Gun : Maverick (16.000 entrées), Jurassic World, Les Minions 2 et enfin le dernier Qu’est-ce qu’on a tous fait au bon Dieu ? Sur le podium, on retrouve donc trois gros blockbusters aux budgets conséquents. « Il faut vraiment de tout, mais ce sont des films américains porteurs qui vont pouvoir amener les gens vers le cinéma », analyse Sébastien Van Steen.


Des films d’action, spectaculaires et aux effets spéciaux sensationnels semblent la priorité du grand public. Et ce n’est pas Laurent Barriquault qui va dire le contraire : « si le spectateur fait l’effort de venir se déplacer au cinéma, dépenser le prix d’une place, c’est pour vivre une expérience. Aujourd’hui après avoir passé plus de 10 mois sur leur canapé, il se peut que les clients soient un peu plus réticents pour aller voir un film qu’ils considèrent comme n’étant pas à la hauteur d’un déplacement au cinéma, et certains attendent qu’il sorte à la télévision. »


 


Les 18-25 ans dans le viseur


Le directeur du cinéma CGR à Saint Saturnin vise notamment les 18-25 ans qui, selon lui, déserteraient de plus en plus les salles de cinéma. « Petit à petit, nous sommes en train de perdre cette génération volatile, qui consomme tout rapidement sur leurs smartphones, tablettes et plateformes. Peut-être que cette population ne se sent plus en phase avec la proposition cinématographique » actuelle. Mais pour le Blésois, « pendant la période Covid, tous les seniors ont eu du mal à revenir au cinéma, comme les jeunes d’ailleurs. Mais on s’aperçoit que c’est en train de changer et on revoit la clientèle qu’on avait avant le Covid. »


Le Covid, justement, qui a effrayé bon nombre de professionnels, notamment dans le secteur du cinéma. À la crise sanitaire se sont ensuite ajoutées les crises financière et énergétique, mais néanmoins, les exploitants comme le directeur du Cap Ciné à Blois ont su garder la tête hors de l’eau : « oui on a eu peur, on s’est posés pas mal de questions, mais à l’heure actuelle, on a tenu bon, on ne s’est pas séparés du personnel et on n’a pas modifié les horaires d’ouverture non plus. » Le Manceau est peut-être un peu moins optimiste, « parce que le coût de l’électricité ne cesse d’augmenter, forcément on s’adapte, et, en fonction, peut-être que ce ne sera pas le cas, mais peut-être qu’on sera amené à diminuer, un jour, le nombre de séances. Peut-être que celle de 11h15 ou de 22h15 disparaitra. »


 


Quoi voir pendant la Fête du cinéma ? 


Avant d’en arriver à de telles mesures, les directeurs des cinémas espèrent faire un bon mois de juillet, avec la présence à l’affiche du dernier Indiana Jones, mais aussi d’Élémentaire, l’ultime Pixar, ou encore Asteroïd City pour les plus cinéphiles. « En tout cas, tout est engagé pour que ça se passe bien, même s’il y a notre ami la météo qui peut nous faire des siennes », plaisante le directeur manceau.


Enfin, alors que les chiffres ne sont pas encore au niveau d’avant-Covid, comment imaginer la suite et attirer davantage le public vers les salles de cinéma ? C’est, pour Laurent Barriquault, « compliqué de répondre à cette question. Peut-être faudra-t-il se réinventer, je crois qu’il va falloir repenser la salle de cinéma en termes de confort et de technique, pour que le client, qui est habitué, se sente fréquenter un nouvel établissement. » Sébastien Van Steen préfère miser sur la programmation en insistant sur les films porteurs, mais aussi « travailler sur d’autres événements. On a, par exemple, créer depuis deux ans maintenant un festival autour du manga ».


En attendant, tout le monde peut aller s’enfermer dans une salle obscure durant quatre jours, en payant sa place de cinéma seulement quatre euros.