Tabagisme : le nombre de fumeurs repart à la hausse en 2020
Publié : 26 mai 2021 à 8h20 par Iris Mazzacurati
En 2020, le nombre de fumeurs essayant d'arrêter de fumer a également baissé.
Crédit : CC0 - photo d'illustration
Le nombre de fumeurs a arrêté de baisser l'an dernier en France, rebondissant même chez les personnes aux revenus les moins élevés, "dans un contexte de crise sociale", selon des chiffres publiés mercredi 26 mai, par Santé publique France.
La baisse du tabagisme a été stoppée net en 2020. L’année dernière, plus de trois adultes de 18-75 ans sur dix déclaraient fumer au moins occasionnellement (31,8%) et un quart quotidiennement (25,5%), indique l'agence sanitaire avant la journée mondiale sans tabac, lundi 31 mai. Cela marque un coup d'arrêt après plusieurs années qui ont vu la proportion de fumeurs reculer de 34,5% à 30,4% entre 2016 et 2019, et les fumeurs quotidiens passer de 29,4% à 24%. Santé publique France (SpF) qualifie de stabilisation les chiffres de 2020, car "les variations de la prévalence du tabagisme et du tabagisme quotidien par rapport à 2019 ne sont globalement pas significatives". En revanche, l'organisme public note bien "une augmentation" du tabagisme "parmi le tiers de la population dont les revenus étaient les moins élevés", à 33,3% de fumeurs quotidiens contre 29,8% en 2019. Par contraste, dans le tiers de la population aux revenus les plus élevés, seuls 18% se déclarent fumeurs quotidiens. Autre signal inquiétant : "en 2020, 29,9% des fumeurs quotidiens avaient fait une tentative d'arrêt d'au moins d'une semaine au cours des 12 derniers mois", une proportion "en baisse significative par rapport à 2019 (33,4%)". Ces données sont issues du baromètre réalisé chaque année par SpF, une grande enquête sur les questions de santé menée par téléphone auprès de 14 873 personnes entre janvier et mars 2020 puis entre juin et juillet de la même année.
Le stress, l’"ami" du tabagisme
SpF ne tranche pas sur les raisons de cette évolution, mais observe qu'elle "s'inscrit dans un contexte de crise sociale en France qui a démarré fin 2018, avec le "mouvement des gilets jaunes"", qui "a fortement concerné les populations de plus faible niveau socio-économique". "Or parmi les populations les moins favorisées, la cigarette pourrait être utilisée pour gérer le stress ou pour surmonter les difficultés du quotidien, malgré le coût de plus en plus important de ce produit", avance l'agence, citant une étude française de 2009 qui analysait pourquoi les fumeurs modestes sont paradoxalement moins sensibles aux politiques de hausse des prix du tabac. Depuis 2017, le gouvernement a relevé nettement les taxes sur le tabac pour faire passer le prix du paquet à 8 euros en mars 2018, puis environ 10 euros début 2020, dans le but affiché de réduire la consommation. En France métropolitaine, selon une étude publiée en 2019, plus d'un décès sur huit est attribuables au tabac, soit 75 000 morts par an. (Avec AFP)