Une pétition lancée contre Shein en France : pourquoi la marque fait-elle autant polémique ?
5 mai 2023 à 18h11 par A. L.
Une pétition lancée contre l'ouverture d'une boutique éphémère Shein en France
Crédit : Shein
Connue pour ses vêtements et accessoires vendus à (très) petits prix, la marque chinoise Shein est souvent décriée pour son impact environnemental et les conditions de travail de ses employés. Décryptage.
Fondée en 2008 en Chine et installée à Singapour, la marque Shein, spécialisée dans la mode très bon marché, est devenue très populaire au fil des années. En 2021, ses ventes ont bondi de 60%, propulsant son chiffre d'affaires à 16 milliards de dollars, selon Bloomberg. Après plusieurs passages à Toulouse, Montpellier ou encore à Lyon en mars dernier, la griffe a ouvert, ce vendredi 5 mai, une boutique éphémère rue des Archives, dans le Marais à Paris. Jusqu'à ce lundi, l'enseigne chinoise prévoit ainsi d'accueillir jusqu'à 10.000 clients.
Pourtant, sa notoriété soulève aujourd'hui de nombreuses polémiques. La marque d’ultra fast fashion qui propose des vêtements très bas de gamme est en effet souvent critiquée en raison de divers scandales écologiques ou éthiques. Une pétition vient d'ailleurs d'être lancée pour interdire Shein en France.
Des substances toxiques pour la santé
Alors qu'elle emploie actuellement 9000 personnes à travers le monde, l'entreprise Shein est pointée du doigt par des milliers de personnes qui s'inquiètent de son existence. "Avec près de 8000 nouvelles références par jour, SHEIN tourne à plein régime au péril de nos écosystèmes et de notre santé", peut-on en effet lire sur la pétition Change.org.
En quoi la marque est-elle une menace ? Fabriqués en Chine, les produits Shein contiendraient des substances toxiques pour la santé et interdites en Europe. Mais ce n'est pas tout. La fabrication de ces vêtements a aussi un coût écologique. D'après une étude, la Chine est responsable de 22 % des émissions de gaz à effet de serre des adolescentes françaises. D'autre part, pour produire autant à faible prix, la marque doit produire en volume. Malheureusement, ce modèle économique engendre une pression extrême sur les coûts de production, au détriment des ouvriers de l’habillement.
Travail forcé des Ouïghours en Chine ?
En Chine, ce sont pas moins de 6.000 sous-traitants qui travaillent pour la marque dans des conditions particulièrement difficiles. Un groupe de parlementaires américains a d'ailleurs récemment demandé au gendarme de Wall Street d'exiger une enquête indépendante sur les accusations de travail forcé des Ouïghours (une minorité musulmane enfermée dans des camps de rééducation en Chine, ndlr) à l'encontre de Shein, si la marque venait à être cotée à New York. "Bien que Shein affirme que ses produits n'utilisent pas le travail forcé des Ouïghours et qu'ils travaillent avec des parties tiers pour auditer leurs installations, les experts affirment que ces types d'audits sont facilement manipulés ou falsifiés sous la pression des autorités", ont ainsi écrit les parlementaires, démocrates et républicains, dans une lettre adressée lundi à l'agence supervisant les marchés boursiers (SEC).
Selon Timo Kollbrunner de l’ONG Public Eye Researcher qui a enquêté sur les conditions de travail au sein de l'enseigne chinoise, les ouvriers produisent en moyenne 120 pièces par jour et travaillent 11 à 12 heures quotidiennement avec une seule journée de repos par mois. "L’aspect le plus problématique ce sont ces journées de travail incroyablement longues et le fait qu’aucun des ouvriers n’a de contrat. Aucun des ouvriers que nous avons pu interroger ne bénéficie d'une assurance sociale", précise-t-il.
Shein riposte
De son côté, le géant de la fast fashion se défend. "Nous menons des audits extrêmement régulièrement. En 2023, nous en augmentons d'ailleurs le nombre pour voir non seulement les conditions de travail, mais aussi les salaires. Et il s'avère qu'en fait, on a réalisé que la plupart de nos employés sont payés même 50 % parfois plus que les employés moyens en Chine", déclare Marion Bouchut, directrice communication chez Shein. Reste à savoir si l'enseigne chinoise continuera de cartonner sur le long terme malgré ces nombreux scandales...