Législatives 2024 : pourquoi les résultats du second tour sont-ils si différents des projections du premier tour ?

8 juillet 2024 à 9h17 par Étienne Escuer

Image d'illustration. L'Assemblée nationale.
Crédit : Commons

Les résultats du second tour des législatives anticipées sont bien différents des projections du premier tour.

 

La gauche est arrivée en tête du second tour des législatives anticipées, dimanche 7 juillet. Une surprise alors que les projections le soir du premier tour laissaient entrevoir une victoire du Rassemblement national. Avec un peu plus de 180 députés, le Nouveau Front Populaire devance le camp présidentiel, 158 députés, et le RN, 143 députés.

 

Comment expliquer l’écart entre les projections il y a une semaine, où le RN pouvait espérer presque le double de députés, et les résultats ? Il faut déjà savoir que les élections législatives sont sans doute les plus difficiles à prévoir. Ce n’est en effet pas une mais 577 élections qui ont lieu, avec chacune leurs particularités locales. Dès dimanche dernier, les instituts de sondage appelaient d’ailleurs à prendre les projections avec précaution.

 

Désistements, report des voix, etc.


Le soir du premier tour, les projections se basaient aussi sur les plus de 300 triangulaires annoncées. Sauf qu’entre temps, près de 200 candidats de la gauche et du camp présidentiel se sont désistés pour faire barrage au Rassemblement national. A cela s’ajoutent aussi les nombreuses révélations sur le profil de certains candidats d’extrême-droite, ou leurs approximations dans des débats organisés par des médias locaux. Les sondages réalisés en fin de semaine après les désistements laissaient d’ailleurs entrevoir un net recul du RN, mais sans doute pas à ce point.


Enfin, il y avait l’inconnue du report des voix. En 2022, une majorité d’électeurs de gauche et du camp présidentiel s’étaient abstenus au second tour quand leur candidat était éliminé. Seuls 30 à 35% environ étaient allés faire barrage au RN. Cette année, selon une étude Ipsos, 72% des électeurs de gauche sont allés voter pour un candidat du camp présidentiel. Le barrage a certes moins fonctionné chez les électeurs macronistes mais il fut meilleur qu’il y a 2 ans : 54% des électeurs macronistes ont soutenu un candidat PS, EELV ou PCF, 43% un candidat LFI. La possibilité d’une arrivée du RN au pouvoir, contrairement à 2022, a très probablement incité de nombreux électeurs à se déplacer.