Crash du Rio-Paris en 2009 : procès en correctionnelle pour Air France et Airbus

Publié : 12 mai 2021 à 8h30 par Iris Mazzacurati

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Crédit : HO / BRAZILIAN NAVY / AFP

Un procès pour "homicides involontaires" à l'encontre d'Air France et d'Airbus a été ordonné par la cour d'appel de Paris mercredi 12 mai, pour leurs responsabilités indirectes dans le crash du Rio-Paris qui avait fait 228 morts en 2009.

Cette décision invalide le non-lieu prononcé en 2019 en faveur de la compagnie et du constructeur au terme des investigations.

A l'annonce de cette décision, les quelques proches des victimes présents se sont étreints en larmes, soulagés.

Les avocats d'Airbus, Me Simon Ndiaye et Antoine Beauquier, ont immédiatement annoncé un recours en cassation, dénonçant une "décision injustifiée" selon eux, "en contradiction avec les juges d'instructions qui connaissaient bien le dossier".

"Air France prend acte de la décision de la cour d'appel de Paris (...) Elle maintient qu'elle n'a pas commis de faute pénale à l'origine de cet accident aussi tragique soit-il et se réserve la possibilité de former un recours devant la Cour de cassation", a indiqué la compagnie aérienne dans une déclaration transmise à l'AFP.

De son côté, Airbus a estimé que "la décision judiciaire qui vient d'être rendue ne reflète en aucun cas les conclusions de l'instruction qui ont abouti à un non-lieu au profit d'Airbus dans ce dossier", dans une déclaration séparée.

L'avionneur européen a confirmé les dires de ses avocats et indiqué avoir lui aussi "décidé de se pourvoir en cassation".

"C'est une immense satisfaction d'avoir le sentiment d'avoir enfin été entendu par la justice", a déclaré, très émue, la présidente de l'association Entraide et Solidarité AF447, Danièle Lamy. "Nous déplorons cependant qu'il ait fallu douze longues années pour en arriver là, douze années de détermination sans faille, peuplées d'incertitudes, de procédures tracassières et obscures, de découragement mais jamais de résignation", a-t-elle ajouté.

Le givrage des sondes à l’origine de la catastrophe

Le 1er juin 2009, le vol AF447 reliant Rio de Janeiro à Paris s'était abîmé au milieu de l'Atlantique. Les pilotes, désorientés par une défaillance technique en traversant la zone météorologique instable du Pot au noir, n'avaient pu rattraper le décrochage de l'A330, entraînant la mort des 216 passagers et 12 membres d'équipages.

Le 29 août 2019, après dix ans d'investigations marquées par une bataille d'expertises, les juges d'instructions du pôle accident collectif du tribunal de Paris avaient rendu un non-lieu général.

Les investigations "n'ont pas conduit à caractériser un manquement fautif d'Airbus ou d'Air France en lien (...) avec les fautes de pilotage (...) à l'origine de l'accident", avaient alors estimé les magistrats.

Le parquet général estimait au contraire que les "causes indirectes" du crash étaient imputables aux manquements des deux entreprises : les dirigeants d'Air France "se sont abstenus de mettre en œuvre la formation et l'information des équipages" nécessaire, tandis qu'Airbus a "sous-estimé la gravité des défaillances des sondes" de vitesse Pitot et n'a pas suffisamment agi pour corriger ce dangereux défaut.

Le givrage de ces sondes fut l'élément déclencheur de la catastrophe. Causés par la formation de cristaux de glace lors d'un passage à haute altitude dans un amas de cumulonimbus, l'incident avait conduit à une incohérence des mesures de vitesse et désorienté les pilotes jusqu'au décrochage fatal en moins de 4 minutes.




(Avec AFP)