Nicolas Sarkozy : 3 ans de prison dont un ferme dans l’affaire des "écoutes", une première

Publié : 1er mars 2021 à 14h14 par Iris Mazzacurati

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L'ancien président Nicolas Sarkozy et ses avocats n'ont fait aucune déclaration à la sortie de la sa
Crédit : Anne-Christine POUJOULAT / AFP

Dans "l'affaire des écoutes", Nicolas Sarkozy a été condamné lundi 1er mars à trois ans de prison, dont un ferme, pour corruption et trafic d'influence. Une première dans l'histoire de la Ve République.

Il est désormais le premier ex-président de la Ve République condamné pour corruption. Il est également le deuxième ex-chef de l'Etat à être sanctionné par la justice, après son ancien mentor Jacques Chirac, condamné en décembre 2011 à deux ans de prison dans le dossier des emplois fictifs de la ville de Paris.

Nicolas Sarkozy, qui a toujours affirmé n'avoir jamais commis "le moindre acte de corruption", a écouté le prononcé de sa peine debout face au tribunal, semblant impassible. L'ancien président et ses avocats n'ont fait aucune déclaration à la sortie de la salle.

Les juges ont également condamné à la même peine l'ancien haut-magistrat Gilbert Azibert et l'avocat historique de l'ex-président, Thierry Herzog, avec 5 ans d'interdiction professionnelle pour ce dernier. Ils ont également été reconnus coupables de violation du secret professionnel.

Nicolas Sarkozy, qui a été "garant de l'indépendance de la justice, s'est servi de son statut d'ancien président pour gratifier un magistrat ayant servi son intérêt personnel", a déclaré la présidente de la 32e chambre correctionnelle de Paris, Christine Mée, estimant que le "pacte de corruption" était bien constitué.

Une peine moins lourde que celle requise par le PNF

Le tribunal est resté en-deçà des réquisitions du parquet national financier (PNF), qui avait demandé les mêmes peines de quatre ans d'emprisonnement dont deux ferme à l'encontre des trois prévenus.

Cette première condamnation pour Nicolas Sarkozy intervient alors qu'il doit faire face à nouveau à des juges, dès le 17 mars, au procès de l'affaire "Bygmalion", portant sur les frais de sa campagne présidentielle de 2012.

Retiré de la politique depuis 2016 mais toujours très populaire à droite, un an avant le prochain scrutin présidentiel, Nicolas Sarkozy est sous forte pression judiciaire. Il est mis en cause dans plusieurs dossiers, dont celui des soupçons de financement libyen de sa campagne victorieuse de 2007.

L’affaire des écoutes

C'est dans le cadre de cette dernière affaire qu'il avait été placé sur écoute en 2013. Les juges découvrent alors que Nicolas Sarkozy utilise une ligne téléphonique secrète, ouverte sous l'alias de "Paul Bismuth", pour communiquer avec son avocat Thierry Herzog.

Une dizaine de leurs conversations ont été retranscrites. Pour le tribunal, elles prouvent bien qu'un "pacte de corruption" a été conclu entre Nicolas Sarkozy, son avocat et Gilbert Azibert.

L’ancien Président de la République avait appuyé la candidature de M. Azibert pour un poste de prestige à Monaco, en échange d'informations privilégiées, voire d'une influence sur un pourvoi en cassation qu'il a formé.

L'ancien locataire de l'Elysée voulait alors faire annuler la saisie de ses agendas présidentiels après avoir obtenu un non-lieu dans l'affaire Bettencourt. Gilbert Azibert, avocat général dans une chambre civile, n'intervenait pas directement dans ce dossier mais il a selon le tribunal joué de ses relations.



(Avec AFP)