On a vu "Barbie" : bien plus qu’un film de blonde
19 juillet 2023 à 12h00 par Iris Mazzacurati
Les aventures live et déjantées de la plus iconique des poupées mannequin prennent vie sous les traits de Margot Robbie et Ryan Gosling...
Très attendu, la sortie au cinéma de Barbie était néanmoins entourée de quelques points d’interrogation. Si le ton de la comédie ne faisait pas de doute, était-il possible d’aller aussi loin que le sujet le permettait avec la toute puissante compagnie de jouets Mattel à la production ?
La réponse est : oui. Et on est très vite fixé : dès les premières images parodiant la scène culte de 2001 l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick au son d’Ainsi parlait Zarathushtra, pour relater la découverte par les petites filles de la poupée Barbie, après des siècles à jouer avec des poupons qui ne leur permettaient finalement de n’être rien d’autre que des "mamans".
Car oui, depuis son monde rêvé de Barbie Land, Barbie est persuadée que grâce à elle, les inégalités homme-femme n’existent plus. N’est-elle pas docteur, président de la République, prix Nobel, maître de chantier ou astronaute... ?
Quand la belle blonde se rend dans le monde réel pour redonner goût à la vie à une petite fille et chasser les idées morbides qui l’assaillent depuis peu, elle découvre notamment qu’on lui reproche de filer des complexes aux petites filles et de faire reculer la société de 50 ans... Quant à Ken, il découvre le bonheur d’une société patriarcale.
Se jouer des stéréotypes pour célébrer la différence
Complètement déjanté, très drôle, jamais méchant et même plutôt très malin, Barbie joue sur le stéréotype de la blonde décérébrée. Sauf qu’ici, il est incarné par Ryan Gosling, qui hérite au passage d’une partition plus outrancière (mention spéciale à la séquence de comédie musicale I’m Just Ken).
Les Barbies (oui, parce qu’à Barbie Land tout le monde s’appelle Barbie, ou Ken) sont surtout (trop) parfaites : belles, intelligentes, puissantes, hyper positives et faisant la fête tous les soirs.
Et la réalisatrice Greta Gerwig s’en amuse, que ce soit à travers les paroles très "seconde degré" des chansons pop qui illustrent le film ou en intégrant toutes les poupées qui ont fait un flop, ou ont été retirées de la vente, comme Alan, le pote inconnu de Ken ou Midge, la Barbie enceinte...
Alors, on a beau rire, personne n’est dupe. Barbie est bien une pub géante de 2h pour l’univers inventé par Mattel. Mais la compagnie sait la jouer fine en acceptant de se faire brocarder à travers son comité directeur notamment, exclusivement composé d’hommes.
Car au final, aussi rose et pailleté soit-il, le film parvient à délivrer – accrochez-vous - un message philosophique (si, si) sur la mort, la difficulté d’être une femme et le patriarcat. Pas trop mal pour une blonde de 29 cm.
Barbie • De Greta Gerwig • Avec Margot Robbie, Ryan Gosling, America Ferrera... • Sortie le 19 juillet