Pourquoi le RN est classé à l’extrême-droite et LFI à gauche ?

19 juin 2024 à 7h00 par Étienne Escuer

Image d'illustration. L'Assemblée nationale.
Crédit : Commons

La classification de plusieurs partis sur l’échiquier politique, notamment le RN et LFI, fait débat.

 

C’est l’une des stratégies de la majorité présidentielle pour les législatives : renvoyer dos-à-dos les deux blocs d’opposition que sont le Rassemblement national et le Nouveau front populaire. Emmanuel Macron lui-même a parlé de bloc central face aux « extrêmes ». Cependant, il convient d’être vigilant dans l’utilisation de ce terme. En mars 2024, le Conseil d’État, sollicité régulièrement par le RN qui conteste l’étiquette que le ministère de l’Intérieur lui attribue pour les élections, a tranché : le RN est bien d’extrême-droite, mais La France Insoumise et le Parti communiste français sont des partis de gauche et non d’extrême-gauche.

Les notions d’extrême-gauche et d’extrême-droite répondent en fait à des définitions, qui font plus ou moins consensus parmi les chercheurs. L’extrême-droite est notamment caractérisée par un projet autoritaire, nationaliste, antisystème, qui rejette la différence et l’étranger. La préférence nationale voulu par le RN, son histoire (le FN fut fondé par d’anciens nazis et Waffen-SS) et ses liens avec certains groupuscules violents l’inscrivent donc dans ce cadre.

L’extrême-gauche, elle, se définit principalement par un renversement du capitalisme par la rue et non dans les urnes. En voulant prendre le pouvoir légalement et en souhaitant réformer l’économie de marché plus qu’en sortir, La France Insoumise et le Parti communiste français ne correspondent pas vraiment à cette définition. Preuve de l’importance de cette distinction, le Nouveau Parti Anticapitaliste s’est scindé en deux en 2022, une partie des militants estimant que des accords électoraux passés avec LFI aillaient à l’encontre des fondements idéologiques du parti.

Reste que rien n’est figé, les lignes des partis peuvent évoluer avec le temps, tout comme les définitions des chercheurs en sciences politiques. Ce qui peut donc faire évoluer également la classification des partis.